MILANO PORTA NUOVA

La qualité de la réappropriation de la friche?

 

Dans « Régénération des friches urbaines et développement durable : vers une évaluation intégrée à la dynamique du projet », Emmanuel Rey décortique la qualité des réappropriations de friches industrielles délaissées. Son analyse se porte sur la critique environnementale, socio-culturelle et économique. Le cœur de sa critique aborde l’absence récurrente de sensibilité aux principes du développement durable en faveur d’une logique de promoteur.  

 

Le projet de PORTA NUOVA, résultat du rachat de 20 parcelles abandonnées, est-il un bon exemple de réappropriation de friches industrielles? 

 

Il faut d’abord saluer l’effort mis sur la gestion des IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX. Dans la recherche d’obtention du critère LEED gold, la construction du bâtiment s’est faite en diminuant l’empreinte carbone par l’abolition des bouilloires et bruleurs par exemple. L’équipe a également travailler avec des systèmes de puits géothermique. Le projet, malgré sa forte concentration minérale a tout de même cherché à améliorer la capacité du réseau de traitement des eaux de pluies. Par exemple, ces dernières sont récupérées pour servir dans les systèmes de climatisation du bâtiment et des puits ont été aménagés afin de contrôler les débordements. La présence de secteurs avec des plans d’eau et l’ajout d’un espace vert suit un besoin de gestion des ilots de chaleur urbain. 

 

On remarque cependant qu’il n’est nulle part fait mention de la source des matériaux de construction, on peut donc difficilement analyser l’impact environnemental réel de du projet. On ne mentionne pas non plus comment ont été traités les déchets présents initialement sur les sites en friches. Participer à une réhabilitation générant le remplissage de dépotoirs ne correspond pas à une approche de développement durable.  

 

L’aspect SOCIO-CULTUREL fut rodé par de multiples (150) consultations publiques et réunions de collaboration entre les différents conseils de quartier, conseillers municipaux, etc. Il fut ainsi possible d’établir les priorités et principales préoccupations des habitants des quartier avoisinants. Parmi celles-ci : une approche sensible à l’architecture déjà existante, la préservation d’une quantité suffisante d’espaces verts et d’espaces public, une gestion des problèmes actuels de circulation automobile et un rapprochement des quartiers anciennement séparés par les friches. L’analyse du projet en qualité de son avancement actuel permet de confirmer l’impact positif du son insertion sur la facilité de la connexion entre les différents quartiers, cependant très peu d’attention semble avoir été porter sur l’aménagement des voies de circulation automobile. Ces dernières sont grandes les oubliées du projet. Les deux solutions envisagées par L’équipe de projet ont été d’ensevelir les circulations ou de surélever le site au-dessus des boulevards. L’ajout de services comme un épicerie, des commerces et de restaurants participe également à la qualité socio-culturel du projet. 

 

Finalement, la réappropriation de la friche peut être évaluée pour sa qualité ÉCONOMIQUE. Dans le cas de PORTA NUOVA, il s’agit de la motivation principale à l’élaboration du projet. Le secteur, un nouveau centre d’affaire dans la ville de Milan, participe à la création d’emplois en grand nombre. Les espaces de bureaux ont rapidement attiré de grandes compagnies et peu de locaux restent encore à louer. Cependant, au fait des informations récolter, nous pouvons déduire que ces emplois ne sont pas nécessairement attribués à la population de Milan et participent donc très peu à l’économie locale. De par sa connexion à l’aéroport, le site de PORTA NUOVA semble plutôt s’intéresser à des travailleurs venant d’autres pays : il s’agit donc d’habitants temporaires avec une forte rotation.