CONCLUSION
Pour conclure, le projet de Porta Nuova remplit sa fonction principale soit : attirer des investisseurs étrangers et offrir une vitrine conséquente de Milan sur le monde.
À l’échelle de la ville, le projet satisfait pourtant très peu ses aspirations sociales et urbaines (Des espaces publics pour le peuple milanais? Le respect/amélioration de la forme urbaine en place?). La place publique principale (Gae Aulenti) s’est par ailleurs avérée servir plutôt le tourisme que la culture locale au détriment des quartiers avoisinants (offrant pourtant une plus grande diversité des services et d’expérience de la vie milanaise). Verrait-on une préséance de la nouveauté sur la richesse culturelle?
L’implantation du projet, pensée pour régler les coupures créées par les anciennes friches et la circulation automobile, a offert très peu de solutions réelles à l’aménagement des voies de transports, préférant plutôt une logique de surhaussement (sur un socle de 2 à 3 étages). Le traitement de l’entrée du projet par la station Garibaldi traduit bien ce laisser-faire ressenti dans tout ce qui se retrouve à l’extérieur des anciennes friches. Ici, ce qui aurait pu devenir une place de la gare intéressante amenant directement les voyageurs vers le cœur du projet est coupé par une série de passages piétons ambigus traversant 4 voies de circulations automobiles.
On peut questionner la mixité réelle du projet qui n’offre que du logement s’adressant à une classe sociale aisée. Dans une volonté de densifier le centre de Milan, il est inconcevable d’introduire un îlot composé uniquement d’habitations individuelles sur 4 étages (comme ce qu’on observe dans le secteur de Varesine).
Enfin, il faut remettre en question la permanence réelle de ce genre de projet. Malgré l’ajout de trajets à travers le socle qui viennent délimiter ce qui pourrait s’apparenter à des îlots, l’espace public ne l’est jamais réellement. À l’instar des centres-commerciaux américains, que faire lorsque l’investisseur délaissera le projet? Quelles possibilités d’interventions ont les propriétaires habitant le socle? Sommes-nous face à de futurs espaces délaissés (comme les commerces sous le socle du projet Metropol Parasole à Séville)? En d’autres mots, la stratégie du socle, même si elle s’applaudit de créer nombre d’espaces publics, ne participe pas au tissu urbain au même titre que le feraient des rues, ruelles et placettes. Comment peut-on être certain que Porta Nuova ne redeviendra pas une friche, sombrant dans la désuétude?
CRITIQUE DES THÉORIES ET ANALYSE URBAINE